Tournesol Un tiers de rendement en plus avec l'irrigation

La différence entre le tournesol irrigué et celui conduit en sec est flagrante. « Je gagne 10 à 12 q/ha en irrigué, pour atteindre 30 à 35 q/ha et 2 à 3 points de teneur en huile », annonce Gilbert Dubreuil, agriculteur à Champniers, en Charente. Il valorise son tournesol oléique auprès de la coopérative de Mansle, dont il est le président.

« A la création de l'Asa (1) Var-Champniers en 1982, j'irriguais 35 à 40 hectares de maïs, ce qui a permis de définir mon quota annuel de 66.319 m³, mais avec les restrictions d'usage de l'eau, j'ai été amené à revoir mon assolement en 2006. » L'agriculteur a donc réduit la surface de maïs pour augmenter celle de tournesol, plante moins gourmande en eau et qui la valorise très bien.

Aujourd'hui, sur les 120 hectares de groies légères et séchantes de l'exploitation, une soixantaine est irrigable mais seuls 21 ha de maïs, 14,5 ha de blé de force et 12,5 ha de tournesol sont irrigués en 2010. « En raison des interdictions d'irrigation que nous subissons de plus en plus souvent, je n'arriverai pas à irriguer les 60 ha », affirme-t-il.

10 % du quota 

La gestion sur le bassin-versant de Charente-Amont est volumétrique (lire l'encadré). En été, chaque mardi matin, Gilbert reçoit le pourcentage de son quota annuel, qu'il a le droit de pomper pendant une semaine.

« Pour la dernière semaine de juillet, je peux utiliser 10 % de mon quota, soit près de 6.600 m³, ce qui est correct pour cette période », explique l'agriculteur.

Ce pourcentage est défini par le relevé de sondes tensiométriques dans des parcelles témoins et par le relevé de niveaux piézométriques (2) sur quatre stations de la rivière.

« Ces données sont retranscrites sur l'Irrig'info que la chambre d'agriculture m'envoie chaque lundi soir par mail. Entre l'irrigation du maïs et du tournesol, s'il ne pleut pas, je vais facilement atteindre ce volume. L'année dernière, j'ai utilisé 1.800 m³/ha de maïs, 600 m³/ha de blé de force et de tournesol, soit au total près de 55.000 m³. »

Attention au stade

Cette année, le tournesol a reçu 35 mm au début de la floraison. Un second passage, identique, a eu lieu à la chute des premiers pétales.

« Le stade de la plante est essentiel pour déclencher l'irrigation, insiste Gilbert Dubreuil. Il ne faut pas irriguer avant le stade du bouton ou dudébut de la floraison, au risque de trop développer le volume foliaire, de favoriser la verse et de pénaliser la formation des grains. J'évite aussi d'irriguer pendant la floraison, en raison du phomopsis et du sclérotinia du capitule, même si les variétés utilisées sont résistantes à ces maladies. »

Pour la cinquantaine d'hectares irrigués, Gilbert Dubreuil utilise deux enrouleurs, de 330 et 390 m. « Le matériel étant amorti, le coût de l'irrigation vient surtout du prix de l'eau, qui était de 0,09 €/m³ en 2009, précise l'agriculteur, soit l'équivalent de 2 ou 3 q/ha selon le prix du tournesol. Un investissement largement rentabilisé grâce au gain de rendement ! »

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(1) Association syndicale autorisée.

(2) Piézomètre (du grec ancien piezein, « presser »), mesure la pression des liquides.

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